Découvrez l’artisanat mexicain à travers les beautés du Chiapas
L’artisanat mexicain actuel est un magnifique mélange d’influences préhispaniques, espagnoles et contemporaines, et les régions regroupant d’importantes populations indigènes fournissent les plus beaux exemples ; c’est le cas du Chiapas. Cette région a résisté aux fibres et couleurs synthétiques qui aujourd’hui, occupent une grande place sur le marché car moins coûteuses.
Des origines lointaines de l’artisanat mexicain aux traditions actuelles
L’artisanat du Chiapas, quel que soit sa forme, trahis des origines préhispaniques de par ses couleurs et ses motifs. Il est important de rappeler qu’avant de devenir des objets touristiques, le produit de l’artisanat était destiné à un usage quotidien : la poterie pour créer casseroles et bocaux, le textile pour habiller des villages entiers, ou encore des instruments en bois permettant de chasser pour certaines populations. C’était notamment le cas de l’ethnie des Lacandons, à rencontrer lors d’une aventure entre Yaxchilán et Bonampak, qui fabriquaient eux-mêmes leurs arcs.
Un autre fait impactant pour l’artisanat du Chiapas est la grande variété de matières premières telles que les minéraux, le bois et diverses argiles. Chaque ville s’est donc spécialisée dans un type d’artisanat en fonction de ses ressources et de ses besoins.
À la rencontre des artisans du Chiapas
Si vous êtes de passage dans le Chiapas, vous trouverez la plus grande variété de textiles dans le village Tzotzil de San Juan Chamula, qui confectionne par ailleurs la plupart des vêtements vendus dans la région. Vous découvrirez dans ce même village comment les hommes fabriquent des instruments comme des guitares ou des harpes.
En ce qui concerne les laques, qui font partie des premiers produits artisanaux au Mexique, le dernier centre de production au Chiapas se trouve à Chiapa de Corzo. Vous y remarquerez sûrement l’influence asiatique dans les dessins et motifs. En effet le commerce de Manille reliait le Mexique et les Philippines pour ramener divers objets décorés comme des éventails.
Pour la poterie mexicaine, de nombreuses villes continuent de confectionner leurs ustensiles grâce aux potiers, mais Amatenango se réserve l’exclusivité de la terre cuite traditionnelle. En effet, cette dernière a su résister à l’introduction des nouvelles technologies et se démarque par des poteries cuites à feu ouvert sur l’extérieur et non au four, ce qui lui confère une couleur plus claire. Autre anecdote, le village tout entier est organisé autour de ces poteries : la plupart des femmes du village sont potières, tandis que les hommes s’occupent d’apporter le bois pour la cuisson des pièces, puis par la suite de la commercialisation des poteries. Si vous souhaitez faire une visite des villages tzotziles du Chiapas, vous pourrez y rencontrer Juliana et son mari qui vous feront une démonstration de la confection de poterie et de ses techniques bien particulières.
Quelle que soit la ville ou le type d’artisanat, le savoir-faire de l’artisanat mexicain est enseigné de générations en générations, pour que puissent perdurer les traditions et les techniques propres à chaque village ou ethnie. Les jeunes filles sont très tôt initiées au travail manuel, d’abord pour élaborer des produits simples, qui seront destinés à un usage local. Puis, grâce à l’expérience acquise au fil des années, les créations seront de plus en plus complexes avec des motifs divers et variés. Ces derniers ont beaucoup d’importance puisque si nous prenons l’exemple des textiles chez le peuple Tzotzil, les dessins peuvent indiquer la provenance du porteur. Bien que la croissance de la production artisanale ces dernières années ait entrainé une diversification des dessins et des produits, la majorité des motifs reste tout de même étroitement lié aux traditions mayas et chrétiennes. Et l’arrivée des Espagnols n’y est pas pour rien…
L‘influence de la conquista sur l’artisanat mexicain
L’année 1519 marque le début de la colonisation du Mexique par les conquistadores, évènement qui va modifier profondément leur culture, et donc, l’artisanat. Les Espagnols découvrent alors des artisans très bien organisés, vendant leurs produits sur les “tianguis” (terme náhuatl désignant les marchés locaux). Pour pallier l’importation de certains produits tels que des selles, des couvertures, ou encore des vêtements en laine, les Espagnols feront venir des artisans directement d’Espagne, pour enseigner aux populations indigènes leurs techniques. Les nouveaux outils ainsi que les besoins des colonialistes ont donc révolutionné l’artisanat mexicain allant parfois à l’encontre de plusieurs siècles de traditions…
Terminé l’artisanat pour un usage local : les femmes indigènes ne travaillèrent alors plus chez elles mais dans des ateliers où les produits étaient destinés uniquement aux Espagnols. Bien que cette pratique fût interdite au XVIe siècle, l’artisanat mexicain est resté métissé, mêlant culture préhispanique et culture hispanique. L’artisanat au Chiapas mais également dans le reste du pays connu alors un fort déclin, et ce, jusqu’au XXe siècle, où l’artisanat mexicain reprendra son importance grâce à l’émergence de l’esprit nationaliste post-révolution.
La renaissance de l’artisanat mexicain
C’est en 1921 que le président Alvaro Obregón met en place la première grande exposition artisanale du Mexique, qui permettra de mettre en lumière un secteur jusqu’ici méprisé par le grand public. C’est ensuite grâce à Frida Kalho, Diego Rivera et d’autres artistes que l’engouement autour de l’artisanat mexicain a pu croître, notamment en achetant leurs œuvres et en faisant l’éloge des artisans. Engouement qui sera par la suite transmis aux touristes Américains, puis à ceux du Monde entier.
Aujourd’hui, l’artisanat du Chiapas est reconnu au niveau international et à même participé à des expositions internationales comme celle de Berlin en 2006. De plus, de nombreuses organisations gouvernementales ou non ont prêté mains fortes dans un soucis de sauvegarde du patrimoine, comme par exemple le projet Arte Popular, financé par la fondation Banamex, ou encore l’institut de technologie de Monterrey qui a permis d’enseigner et d’améliorer les techniques de commercialisation de plus de 500 artisans du Chiapas.
Nouveaux défis pour l’artisanat du Chiapas
Ces industries, malgré l’essor du tourisme au Mexique, sont tout de mêmes confrontés à plusieurs défis. En effet, le tableau est moins rose qu’il n’y parait : pour commercialiser toutes ses œuvres, de nombreux intermédiaires ont pris place grossissant leurs revenus tout en amenuisant celui des artisans. Ajoutons à cela la concurrence des produits industriels et la disparition des matières premières et vous comprendrez aisément que l’avenir des artisans du Chiapas est encore incertain. Les produits similaires importés de Chine ou du Guatemala ont donc diminué de moitié l’activité des artisans du Chiapas.
Si consommer local est un principe qui commence à traverser les esprits de la majorité, nous vous invitons donc à privilégier les produits des artisans locaux qui, en plus d’être de meilleure qualité avec une histoire plus forte, font vivre des villages entiers contrairement aux souvenirs importés. D’ailleurs, si vous voulez observer l’artisanat mexicain en toute authenticité et la magie de cette région, découvrez notre itinéraire au Chiapas hors des sentiers battus !
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